L’Aube (May 23, 1945)
La crise britannique
Après le vote du parti travailliste Churchill reste sur ses positions
Après la décision du congrès du Labour Party de repousser « l’ultimatum Churchill ». M. Attlee, chef du parti travailliste, avait adresse hier une lettre au premier ministre dans laquelle il soulignait qu’il n’était pas possible « de proroger le mandat du Parlement actuel élu depuis déjà dix ans », et condamnait le principe d’un referendum devant décider de la question.
M. Attlee affirmait également que le premier ministre, en faisant des objections contre le principe des élections en automne, cédait « à la pression du parti conservateur qui cherche à exploiter dans son propre intérêt les grands services que son chef a rendus au pays ».
M. Churchill a répondu aujourd’hui à la lettre de M. Attlee, mais n’a donne aucune indication quant à la date exacte des élections. Le premier ministre a souligné tout d’abord que le maintien du gouvernement actuel jusqu’en automne compromettrait « l’efficacité administrative du gouvernement à un moment critique et nuirait par l’incertitude et l’agitation politique qui se prolongent, à l’essor du pays et au passage de l’industrie de guerre à l’industrie de paix ».
« J’ai fait de mon mieux, ajoute M. Churchill, pour créer des conditions nous permettant de travailler ensemble. Il est étrange que vous consigniez tant d’injustes allégations dans une demande pressante de reporter les élections jusqu’à l’automne ».
Et M. Churchill termine sa lettre en repoussant l’idée qu’une élection tenue en juillet serait une élection hâtive.
Aucune information nouvelle n’est venue corroborer l’indication donnée par la BBC dans la soirée et selon laquelle M. Churchill présenterait aujourd’hui même la démission de son cabinet. Par ailleurs, le fait que M. Churchill ait cru bon de répondre immédiatement à M. Attlee parait être plus qu’un simple acte de courtoisie.