L’Aube (January 10, 1946)
PREMIÈRE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
Les représentants de 51 pays sont réunis à Londres
M. Attlee prononcera le discours inaugural
C’est aujourd’hui que la première assemblée générale des Nations Unies s’ouvre à Londres.
Cette réunion de cinquante et une nations devra procéder, d’abord, à la constitution des organismes prévus par la charte des Nations Unies. Elle aura, ensuite, à s’occuper de divers problèmes, dont celui du contrôle de l’énergie atomique, problème qui, depuis la conférence de Moscou, n’a cessé de préoccuper les hommes d’État responsables.
Parmi les autres questions qui seront traitées à Londres, il en est une qui revêt une grande importance politique : le choix des six nations qui, à côté des cinq membres permanents (URSS, USA, Grande-Bretagne, France et Chine) formeront le Conseil de sécurité.
Le choix entre les candidats soutenus par les puissances occidentales et ceux mis en avant par l’URSS, ne sera pas facile et Pourrait donner lieu à des négociations laborieuses. Il sera plus facile de se mettre d’accord sur le siège de l’ONU. L’assemblée aura encore à s’occuper de la question des trusteeships, institués à San Francisco. La Grande-Bretagne voudrait que la question des réfugiés soit traitée sans délai par l’Assemblée de Londres, afin de décharger le gouvernement britannique d’une partie des responsabilités qui lui incombent en sa qualité de puissance mandataire de la Palestine.
Le programme des premières séances
Les grands problèmes d’ordre politique ne seront d’ailleurs traités par l’assemblée générale qu’après avoir été préparés par les commissions. Les premières séances de l’assemblée seront consacrées au discours inaugural que M. Attlee prononcera cet après-midi, à l’élection d’un président, de sept vice-présidents, d’un secrétaire général permanent, des membres du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social et à la constitution des principales commissions, On pense que les séances plénières seront alors suspendues et que les délégués se réuniront dans les différentes commissions durant trois ou quatre semaines. En ce qui concerne la présidence, c’est le nom de M. Spaak qui est avancé. Pour le poste de secrétaire permanent, on nomme, parmi d’autres candidats, M. Lester Pearson, ambassadeur du Canada à Washington.
L’arrivée des délégués
Tous les délégués, parmi lesquels se trouvent cinquante ministres des Affaires étrangères, sont arrivés hier à Londres, à l’exception de M. Vichynski, chef de la délégation russe. Celui-ci, retenu d’abord à Bucarest par les négociations au sujet du gouvernement roumain, s’est rendu à Moscou. Un porte-parole de l’ambassade soviétique à Londres a expliqué ce détour du commissaire adjoint aux Affaires étrangères par les déclarations de M. Byrnes sur le contrôle atomique, déclarations qui nécessiteraient de nouvelles consultations entre le gouvernement soviétique et son principal délégué.
M. Byrnes est optimiste
M. Byrnes a eu, dès son arrivée à Londres, une longue entrevue avec M. Bevin.
Devant les journalistes, M. Byrnes a exprimé sa conviction que la question atomique sera résolue par la conférence.
On croit, à Londres, que M. Byrnes a pu se mettre d’accord avec le sénateur Vandenberg, le principal adversaire parmi les membres de la délégation américaine, d’une commission aux pouvoirs de contrôle suffisamment étendus pour compromettre le secret de la bombe atomique.
Un entretien Bidault-Bevin
Georges Bidault s’est entretenu, hier après-midi, avec M. Bevin.
Cette conversation a porté sur l’attitude des délégations française et britannique au cours de l’assemblée de l’ONU.
Il est probable que Georges Bidault rentrera à Paris à la fin de la semaine pour suivre, pendant un jour ou deux, les débats de l’Assemblée constituante.
George VI salue les délégués
George VI a offert hier soit un grand diner aux délégations étrangères à l’Assemblée de l’ONU. Il a porté un toast.
Après avoir souligné que la guerre avait laissé une lourde responsabilité aux vainqueurs, le roi a déclaré :
« C’est à vous qu’il appartient de jeter les bases d’un monde nouveau où un conflit comme celui qui nous a amenés récemment si près de l’annihilation ne devra jamais être répété. »
Le problème majeur de la sécurité réclamera beaucoup de votre attention. Mais l’établissement du conseil social et économique et du conseil de tutelle fournit des occasions étendues de traiter d’autres questions non moins importantes.
La Fédération des syndicats demande à participer à la conférence
Au nom de soixante millions de syndiqués, la Fédération mondiale des syndicats a présenté à l’ONU une demande officielle pour être autorisée à envoyer une représentation à l’assemblée générale de Londres.