L’Aube (September 2, 1945)
Les Japonais ont signé la capitulation
cette nuit à 3 h 30 à bord du Missouri
L’OCCUPATION
Les forces américaines continuent à étendre leur zone d’occupation dans l’ile de Hondo et resserrent leur étreinte au sud de Tokio. Des officiers américains ont inspecté les fortifications de la baie de Tokio.
La reddition japonaise a été signée cette nuit à 3 h 30 (heure de Paris), à bord du cuirassé américain Missouri, par le premier ministre nippon, cousin du mikado.
MacArthur était entouré du général Leclerc, plénipotentiaire français, et des représentants de l’Angleterre, de la Russie, de la Hollande, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et de la Chine. Le général américain invita les délégués japonais à signer l’instrument de la reddition, puis signa à son tour. Après quoi, il appela un par un es représentants alliés, en prononçant chaque fois la phrase : « Le représentant de… va maintenant signer ».
Voici l’ordre dans lequel ces signatures furent apposées : Japon, général MacArthur (États-Unis) Chine, Royaume-Uni, URSS, Australie, Canada, France, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande.
Avant la signature MacArthur avait prononcé le discours suivant :
Je déclare ici ma ferme intention, conformément aux traditions des pays que je représente, de m’acquitter des charges qui m’incombent, avec justice, avec tolérance, tout en prenant toutes les dispositions nécessaires pour assurer l’exécution complète, rapide et loyale des conditions de la reddition.
Nous sommes réunis, en tant que représentants de grandes puissances en guerre, pour conclure l’accord solennel grâce auquel la paix pourra être rétablie. Ce n’est plus ici le lieu de débattre de questions auxquelles sont mêlées des idéologies divergentes. Elles ont été tranchées sur les champs de bataille du monde.
Il ne nous appartient pas davantage de nous rencontrer, alors que nous représentons la majorité des peuples de la terre, dans un esprit de défiance, de rancune ou de haine, mais il nous sied bien plutôt – aux vainqueurs comme aux vaincus – de nous élever à cette dignité qui, seule, pourra servir les desseins sacrés auxquels nous allons nous vouer.
J’ai le fervent espoir – l’humanité tout entière a l’espoir – qu’à dater de la présente solennité un monde meilleur va naître du carnage d’hier : un monde fondé sur la bonne foi et la compréhension, un monde consacré à la dignité de l’homme et à l’accomplissement de son vœu le plus cher : liberté, tolérance, justice.
Prions pour que la paix soit maintenant rendue au monde et que Dieu la lui conserve toujours.
L’acte de reddition
L’acte de capitulation comporte notamment, la clause essentielle suivante :
Par les présentes, nous proclamons la capitulation sans condition de l’état-major japonais, de toutes les forces armées du Japon et de toutes les forces armées sous la dépendance du Japon ou qu’elles se trouvent.
Un discours radiodiffusé du président Truman
Le président Truman a prononcé un discours radiodiffusé à l’occasion de la signature de la reddition du Japon.
Ce soir, espoir de toute l’Amérique, de tout l’univers civilisé, toutes nos pensées se reportent sur le Missouri, a-t-il notamment déclaré, sur cette parcelle du territoire américain ancrée dans la baie de Tokio. Les Japonais ont officiellement déposé leurs armes. Ils ont signé les termes de la capitulation sans condition.
Ce n’est pas encore le « VJ Day »
À la fin de son discours, le président des États-Unis a annoncé que dimanche sera célébré comme un jour de victoire, mais il a ajouté :
Ce n’est pas encore le jour de la proclamation officielle de la fin de la guerre ou de la cessation des hostilités, mais c’est le jour dont nous, Américains, devrons toujours nous rappeler comme du jour du châtiment comme nous nous rappellerons que cet autre jour fut celui de l’infamie.